C’est confirmé : en France, il est légal de poursuivre son employeur pour ce motif même après avoir été licencié

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Beaucoup de salariés ignorent qu’il est possible de contester un harcèlement au travail même plusieurs années après avoir quitté leur poste. Entre délais de prescription et preuves à réunir, la procédure peut sembler complexe. Explications pour savoir comment et quand agir.

Comprendre les délais pour agir

Le temps joue un rôle clé lorsqu’un salarié souhaite attaquer son employeur pour harcèlement moral. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le délai ne commence pas forcément au moment du licenciement. « Le principe a été confirmé par la jurisprudence récente : le point de départ du délai de prescription correspond au jour où le salarié a eu connaissance, ou aurait dû avoir connaissance, des faits lui permettant d’agir contre son employeur », explique Maître Roman Guichard, avocat en droit du travail. En clair, dès que le salarié prend conscience de la situation, il dispose de cinq ans pour saisir le conseil des prud’hommes.

Cette règle signifie qu’un salarié peut encore contester un harcèlement même après avoir quitté l’entreprise. Passé ce délai de cinq ans, la plainte devient irrecevable, quelle que soit la durée ou la gravité des faits.

Les différentes voies possibles

Le harcèlement moral peut être sanctionné par le code du travail et par le code pénal. Le salarié dispose donc de plusieurs options :

  • Déposer une plainte pénale, avec un délai de prescription de six ans à compter des derniers faits ;
  • Saisir le conseil de prud’hommes, pour demander la réparation du préjudice subi ;
  • Informer l’employeur par écrit ou alerter le CSE ;
  • Contacter l’inspection du travail ou le Défenseur des droits.

Même si l’employeur n’est pas l’auteur direct des comportements, il peut être poursuivi pour manquement à son obligation de protection s’il avait connaissance des faits et n’a rien fait.

Comment prouver le harcèlement ?

La preuve est essentielle dans ces dossiers. « L’élément fondamental reste les attestations circonstanciées », souligne Maître Guichard. Ces documents peuvent venir de collègues, de médecins ou de proches et doivent décrire les conséquences des agissements subis : crises de larmes, dégradation de la santé, remarques humiliantes ou injustifiées. Replacés dans un contexte global, ils démontrent la présence d’une situation anormale.

Le harcèlement ne se limite pas aux insultes ou aux colères publiques. « Cela peut être un micro-management étouffant, des reproches constants, un bureau relégué dans un espace dégradé, ou un traitement différencié d’un collègue », précise l’avocat. Ce qui caractérise ces comportements, c’est la répétition et la cohérence de l’ensemble.

Les leviers d’action pour le salarié

Un salarié qui se sent victime dispose de plusieurs moyens pour réagir :

  • Notifier les faits par écrit à l’employeur ;
  • Alerter le comité social et économique (CSE) ;
  • Contacter l’inspection du travail ou le Défenseur des droits ;
  • Saisir le conseil de prud’hommes en dernier recours, souvent après la rupture du contrat.

« Les procédures sont longues et exigent de la rigueur. Mais agir dans les délais est crucial : au-delà de cinq ans, la justice ne pourra plus rien faire », avertit Maître Guichard. Respecter le délai légal est donc essentiel pour espérer obtenir réparation.

Se préparer pour agir efficacement

Avant de lancer une action judiciaire, il est conseillé de collecter toutes les preuves possibles et de documenter les faits de manière précise. Notes, courriels, certificats médicaux et témoignages peuvent faire la différence. S’entourer d’un avocat spécialisé ou d’un conseiller juridique permet également de structurer le dossier et de sécuriser la procédure.

Agir rapidement ne signifie pas précipiter sa plainte, mais anticiper les délais et organiser les preuves pour maximiser ses chances de succès. Même plusieurs années après avoir quitté l’entreprise, il reste possible de défendre ses droits et de faire reconnaître un harcèlement moral.

Pour les salariés confrontés à ces situations, connaître ses droits et comprendre les délais est la première étape pour obtenir justice et faire valoir sa dignité au travail.


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