Ces squatteurs ont déjoué les règles pour participer à la vente aux enchères du centre de vacances qu’ils occupent

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Depuis plus de quinze ans, un ancien centre de vacances à l’abandon en Bretagne est le foyer improvisé d’une cinquantaine de personnes. Alors que le tribunal va mettre le bien en vente aux enchères, les occupants illégaux ont imaginé une stratégie pour ne pas être expulsés et continuer leur vie sur place.

Un squat atypique au bord de la mer

Les Roches Blanches, situées dans le Finistère, sont devenues le domicile d’un groupe hétéroclite, allant de nourrissons à des quinquagénaires. Ce centre de vacances de 1 600 m² avait été abandonné par son propriétaire, incapable de financer son entretien. La société détentrice a été mise en liquidation judiciaire, laissant la propriété livrée à elle-même. Face à cette situation, le Tribunal judiciaire de Quimper prévoit de saisir le site le 3 septembre pour le mettre en vente aux enchères, avec une mise à prix fixée à 200 000 euros.

Une stratégie financière pour éviter l’expulsion

Pour ne pas perdre leur foyer improvisé, les squatteurs ont décidé de participer à la vente. Ils ont lancé une cagnotte en ligne avec pour objectif initial 30 000 euros, somme qui leur permettait d’être admis à l’enchère et de couvrir les frais juridiques. Rapidement, la cagnotte a dépassé cette somme et atteignait environ 87 000 euros au 1er septembre. Même si ce montant reste loin des 350 000 euros envisagés pour couvrir la mise à prix, les frais notariaux et juridiques, il permet tout de même de rester dans la course.

« Si une ou plusieurs personnes se positionnent pour la vente, nous devrons avoir la capacité de surenchérir. En plus, il faudra payer les frais notariaux, 15 à 20% du montant de la vente et les frais juridiques liés à celle-ci, sans compter tous les frais ultérieurs », expliquent-ils sur le site de la cagnotte.

Des fonds supplémentaires pour se positionner

Au-delà de la cagnotte, des dotations et collectes ont permis de réunir une somme suffisante pour envisager une offre sérieuse lors de la vente. Les squatteurs ont également tenté une négociation amiable par le biais de leur avocate. « Nous avons fait une proposition à l’amiable via notre avocate. Nous attendons la réponse du mandataire judiciaire pour lui proposer une somme », confient-ils au Figaro. Leur priorité est claire : éviter la transformation du site en complexe hôtelier ou sa destruction totale.

« Que l’écologie ne leur serve pas d’excuse pour nous expulser et raser quinze années de projets fertiles et de dynamiques sociales », ajoutent-ils, soulignant leur investissement personnel et collectif dans ce lieu.

Une expulsion qui ne dépend pas d’eux

Si un nouveau propriétaire prend possession des Roches Blanches, l’expulsion des squatteurs sera à sa charge. Le jugement émis par le Tribunal de Quimper servira de base légale pour demander leur évacuation. Toutefois, le futur acquéreur devra probablement solliciter l’intervention des forces de l’ordre pour faire respecter cette décision.

« Nous le rappelons, nous habitons les Roches Blanches, et nous y resterons. Notre possible expulsion au profit du tourisme ou de la renaturation, alors qu’il est extrêmement difficile de se loger, n’a pas de sens », affirment fermement les occupants.

Un rassemblement pour se faire entendre

Pour montrer leur détermination et rendre leur situation visible, les squatteurs appellent à un rassemblement devant le tribunal de Quimper le mercredi 3 septembre dès 10h45. L’objectif est de s’informer sur la date exacte de l’audience, notamment si celle-ci venait à être reportée, et de sensibiliser le public à leur cause.

Des projets et une vie communautaire en jeu

Au-delà de la simple occupation du lieu, les Roches Blanches sont le théâtre d’un projet collectif et d’une vie communautaire qui se sont développés au fil des années. Jardins, ateliers et activités sociales font partie du quotidien des occupants. L’expulsion risquerait de mettre fin à tout un pan de leur vie, transformant quinze années d’initiatives en un simple vide immobilier.

Face à l’imminence de la vente, la situation reste tendue. Les squatteurs comptent sur la solidarité et leur mobilisation pour tenter de conserver leur foyer et continuer à vivre selon leurs propres règles, loin des projets de tourisme ou de renaturation décidés sans eux.

En attendant le verdict du tribunal et le résultat de la vente aux enchères, les habitants des Roches Blanches se préparent à défendre leur quotidien et leur projet collectif, en espérant que justice et dialogue permettront de trouver une solution humaine et respectueuse de leur engagement.


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