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Alors que beaucoup de retraités jonglent avec un budget serré, certains anciens salariés bénéficient de pensions nettement supérieures à la moyenne. Ces avantages sont concentrés dans quelques caisses particulières — et, fait notable, leurs anciennes entreprises recrutent toujours à grande échelle en France.
Des retraites très inégales
La France compte environ 17,2 millions de retraités, soit près d’un habitant sur quatre. Mais la pension moyenne masque d’importantes différences selon les régimes. La DREES indique une pension moyenne de 1 666 euros brut, soit environ 1 541 euros net, un montant légèrement supérieur au Smic net.
Cependant, certains régimes spéciaux versent des pensions bien plus élevées, creusant l’écart entre anciens salariés. Ceux qui ont bénéficié d’avantages familiaux ou de pensions de réversion voient leur moyenne grimper, sans pour autant rapprocher tous les retraités des niveaux les plus élevés.
EDF et GDF en tête
Le rapport de la DREES publié en juillet 2025 met en lumière les disparités par caisse. Les anciens salariés d’EDF et de GDF, rattachés au régime spécial de la CNIEG, reçoivent en moyenne 3 068 euros brut par mois — un niveau proche du double de la moyenne nationale.
Viennent ensuite les retraités de la Banque de France (2 744 euros brut), puis ceux de la RATP (2 666 euros brut) et de la SNCF (2 278 euros brut). Ces chiffres reflètent des régimes historiques et des méthodes de calcul avantageuses.
Fonction publique et autres régimes
Dans la fonction publique d’État, la pension moyenne pour les civils est de 2 223 euros brut. Le régime FSPOEIE, qui couvre certains ouvriers d’État, distribue en moyenne 2 036 euros brut. Les militaires perçoivent environ 1 814 euros brut, tandis que la CNRACL (territorial) tourne autour de 1 400 euros brut.
Ces différences tiennent en grande partie aux règles de calcul : pour les fonctionnaires, la pension se base sur les six derniers mois de salaire, souvent les mieux rémunérés, alors que dans le privé le calcul porte sur les 25 meilleures années.
Le privé moins bien loti
Les anciens salariés du secteur privé sont, en moyenne, bien moins favorisés. La CNAV verse environ 734 euros par mois et l’Agirc-Arrco ajoute 527 euros, soit 1 261 euros brut en tout. Les périodes de chômage, les baisses de salaire ou les carrières discontinues réduisent souvent le montant final.
Et pourtant, ces entreprises recrutent
Ironie : les groupes publics qui versent des pensions élevées recrutent massivement. EDF, la RATP, la SNCF et la Banque de France annoncent régulièrement des milliers de postes, pour remplacer les départs à la retraite et répondre aux transformations techniques.
EDF prévoit ainsi des recrutements en nombre dans les métiers techniques et la maintenance. La RATP cherche constamment du personnel pour maintenir le réseau francilien, et la SNCF multiplie les campagnes de recrutement, notamment pour les conducteurs et les agents en gare.
Un système à deux vitesses
Ces écarts alimentent le débat public sur l’équité des retraites. Les régimes spéciaux sont souvent protégés par l’histoire et des accords, ce qui rend toute harmonisation complexe. Les gouvernements ont tenté des réformes, mais les différences persistent.
En pratique, certains retraités peinent à boucler leurs fins de mois tandis que d’autres bénéficient d’une pension confortable. Tous restent confrontés au même défi : préserver leur pouvoir d’achat face à l’inflation.
Pour résumer, le paysage des retraites en France ressemble aujourd’hui à un système à plusieurs vitesses : des caisses très généreuses d’un côté, un privé souvent plus fragile de l’autre, et des entreprises publiques qui continuent d’embaucher massivement pour assurer la relève.

