Carte grise, billets d’avion : une nouvelle taxe se prépare pour éponger le déficit de 88 millions d’euros d’IDFM

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Alors qu’Île-de-France Mobilités (IDFM) fait face à une lourde perte financière de 88 millions d’euros, le gouvernement planche sur une nouvelle taxe pour renflouer ses caisses. Parmi les pistes évoquées : une contribution sur les cartes grises, voire sur les billets d’avion. Une mesure qui fait déjà grincer des dents.

Un trou budgétaire causé par la suppression d’une taxe sur les carburants

Depuis le 1er janvier 2025, la majoration de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) n’est plus appliquée. Cette décision, imposée par le droit européen, prive désormais IDFM d’une ressource essentielle. Chaque année, cette taxe rapportait environ 88 millions d’euros à l’autorité qui gère les transports publics en Île-de-France.

Cette suppression, bien qu’obligatoire, met sérieusement à mal le financement du réseau de transports francilien. Et le gouvernement, conscient de la gravité de la situation, cherche depuis plusieurs mois une alternative pour compenser cette perte de revenus.

Vers une taxe sur les cartes grises ?

Pour compenser ce manque à gagner, une piste est désormais sur la table : instaurer une taxe sur les cartes grises. L’idée serait d’ajouter quelques euros à chaque immatriculation de véhicule, un moyen simple et rapide de générer des recettes pour IDFM. Mais la proposition passe mal, notamment auprès des élus locaux et des automobilistes, déjà confrontés à une hausse du coût de la vie et à des dépenses liées à la mobilité.

Selon certaines sources parlementaires, cette taxe viendrait s’ajouter aux frais déjà perçus lors de l’immatriculation des véhicules neufs ou d’occasion. En clair, elle toucherait directement les ménages franciliens, qu’ils utilisent ou non les transports en commun. Un choix jugé injuste par de nombreux observateurs.

Des critiques qui montent du côté d’Île-de-France Mobilités

Du côté d’IDFM, cette idée est accueillie avec beaucoup de réserves. L’autorité organisatrice des transports franciliens estime que cette solution ferait porter la charge financière sur les automobilistes, alors même qu’ils ne sont pas responsables du déséquilibre budgétaire.

Cette mesure reviendrait à taxer davantage les Franciliens au moment où ils subissent déjà de fortes contraintes économiques »*, regrette une source proche du dossier. Pour IDFM, il aurait fallu plutôt imaginer un mécanisme national de financement pérenne, afin d’éviter de nouvelles tensions autour du pouvoir d’achat.

Un amendement pour taxer les billets d’avion

Face à cette polémique, le député des Hauts-de-Seine Philippe Juvin (Les Républicains) propose une autre piste : instaurer une taxe sur les billets d’avion. Cette contribution, prélevée sur chaque passager au départ d’un aéroport francilien, permettrait selon lui de rééquilibrer le financement sans pénaliser directement les automobilistes.

Ceux qui prennent l’avion peuvent contribuer davantage au financement des transports publics, dont tout le monde bénéficie en région parisienne »*, explique le député. Une manière, selon lui, de répartir plus équitablement l’effort entre les différents usagers et d’inciter à une mobilité plus durable.

Un casse-tête budgétaire pour le gouvernement

Si aucune décision n’a encore été prise, le gouvernement doit agir vite. Le budget d’IDFM repose en grande partie sur les taxes et les subventions publiques, et le manque de 88 millions d’euros pourrait avoir des répercussions directes sur le fonctionnement du réseau : ralentissement des investissements, retards de projets, voire hausse du prix du pass Navigo.

Cette situation place l’exécutif dans une position délicate. D’un côté, il doit respecter les engagements européens et ne pas réintroduire de taxes contraires au droit communautaire. De l’autre, il doit préserver la qualité du service public des transports, déjà sous tension depuis plusieurs années.

Les Franciliens risquent d’en payer le prix

Qu’il s’agisse d’une taxe sur les cartes grises ou sur les billets d’avion, une chose est certaine : les Franciliens seront les premiers impactés. Dans un contexte d’inflation et de pouvoir d’achat fragilisé, l’annonce d’un nouveau prélèvement, quel qu’il soit, ne manquera pas de faire débat.

En attendant la décision finale, le gouvernement et IDFM poursuivent les discussions pour trouver une issue acceptable. Mais une chose est sûre : la question du financement des transports publics franciliens reste un véritable casse-tête budgétaire pour l’État.

Reste à savoir quelle option sera retenue : faire contribuer les automobilistes via la carte grise, ou les voyageurs aériens via le billet d’avion. Dans tous les cas, une nouvelle taxe semble désormais inévitable pour combler le gouffre laissé par la disparition de la TICPE.


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