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Depuis son arrivée en France, le frelon asiatique est devenu une véritable menace pour les apiculteurs et la biodiversité. Sans prédateur naturel européen, sa prolifération semblait incontrôlable. Mais une étude espagnole publiée en 2024 dévoile une surprise : un rapace présent dans nos campagnes s’attaque désormais aux nids de cet envahisseur, offrant un espoir pour réguler cette espèce invasive.
Le fléau asiatique toujours présent
Introduit au début des années 2000, le frelon asiatique a rapidement colonisé la France. Ses piqûres sont dangereuses pour l’homme et ses attaques détruisent les ruches, fragilisant l’apiculture locale. Les méthodes humaines, comme le piégeage ou la destruction manuelle des nids, restent coûteuses et souvent inefficaces. La situation inquiète les apiculteurs depuis plus de quinze ans, avec des pertes de colonies de plus en plus fréquentes.
Cependant, l’observation d’un prédateur naturel offre un nouvel espoir. Selon les chercheurs espagnols, un rapace européen se nourrit désormais des larves de frelons asiatiques, participant à une régulation naturelle de leur population.
La bondrée apivore : un allié inattendu
Le rapace en question est la bondrée apivore (Pernis apivorus), souvent confondue avec la buse variable. Spécialiste des hyménoptères, elle se nourrit principalement de larves présentes dans les nids de guêpes, bourdons, abeilles et désormais frelons asiatiques. Sa présence est discrète mais significative, avec plusieurs dizaines de couples recensés dans des régions françaises comme le Vaucluse.
Sa technique de chasse est impressionnante : grâce à sa tête protégée par des plumes denses, ses paupières épaisses et ses narines étroites, elle peut s’attaquer aux nids sans subir les piqûres de ses proies. Certains scientifiques pensent même qu’elle possède une immunité partielle au venin des insectes, ce qui en fait une chasseuse redoutable.
Une prédation stratégique
Les observations espagnoles montrent que la bondrée apivore attaque les nids à deux moments clés de l’année :
- au printemps ; lors du retour d’Afrique et du début de la ponte des reines frelons ;
- en automne ; juste avant la migration, lorsque les nids sont remplis de futures reines prêtes à se reproduire ;
Ces périodes stratégiques permettent à la bondrée de détruire partiellement ou totalement les colonies, réduisant la capacité de reproduction des frelons asiatiques. Ce comportement pourrait contribuer à limiter la prolifération de l’espèce invasive à long terme.
Un impact écologique prometteur
Bien que les effectifs de la bondrée apivore soient modestes (environ 20 000 couples nicheurs en France), son rôle de régulateur est important. À l’instar de l’Asie, où un rapace proche contribue à maintenir les populations de frelons à un niveau stable, la bondrée peut stabiliser les effectifs en France. Pour Gilles Blanc, naturaliste au Conservatoire d’Espaces Naturels PACA, « cette observation est une lueur d’espoir ». Elle montre que la faune locale peut s’adapter face à une espèce invasive.
Les apiculteurs voient en cette découverte une solution naturelle et durable, moins coûteuse et plus respectueuse de l’environnement que les méthodes classiques. Soutenir la bondrée apivore, c’est encourager un contrôle biologique qui s’inscrit dans le temps.
Protéger ce précieux allié
La bondrée est un oiseau migrateur. Elle passe l’hiver en Afrique et ne revient en Europe que pour nicher, de début printemps à fin septembre. La préservation de ses habitats et des couloirs de migration est donc essentielle pour lui permettre de jouer pleinement son rôle de régulateur naturel.
En protégeant cet oiseau, on favorise non seulement le contrôle du frelon asiatique, mais aussi la biodiversité dans son ensemble. Les forêts, haies et espaces naturels qui abritent la bondrée apivore deviennent alors des refuges indispensables pour l’équilibre écologique.
Un espoir pour la nature et l’apiculture
Cette découverte est encourageante pour la protection des abeilles et pour l’apiculture. La bondrée apivore, par sa prédation ciblée, peut limiter la propagation du frelon asiatique et aider à préserver les colonies. Même si elle ne fera pas disparaître entièrement l’envahisseur, elle apporte une solution complémentaire et naturelle.
En attendant, les apiculteurs peuvent s’appuyer sur cette méthode biologique pour renforcer leurs efforts de lutte contre les frelons. Les perspectives offertes par la bondrée apivore confirment l’importance de protéger les espèces locales pour maintenir un équilibre durable dans nos écosystèmes.
La nature montre une nouvelle fois sa capacité à trouver ses propres solutions. Avec la bondrée apivore comme alliée, la bataille contre le frelon asiatique pourrait enfin basculer en faveur de la biodiversité.