Afficher les titres Masquer les titres
Le célèbre site de vente entre particuliers, Vinted, n’est pas seulement utilisé pour acheter ou vendre des vêtements. Une pratique originale mais controversée se développe : des utilisateurs profitent du système pour envoyer de gros colis ou leurs affaires personnelles à eux-mêmes, à leur famille ou à leurs amis, à moindre coût.
Comment ça fonctionne ?
Le procédé est simple. Une personne met un paquet « à vendre » sur Vinted pour un prix symbolique, souvent 1 euro. Un ami ou un membre de la famille achète ensuite ce colis, qui est expédié via les transporteurs partenaires de la plateforme. Seuls les frais de port doivent être payés, et ceux-ci sont souvent beaucoup plus bas que ceux des services postaux traditionnels. Pour un prix dérisoire, il est donc possible d’envoyer même de gros paquets à l’international.
Pour tester cette méthode, un essai a été réalisé avec un colis de Rotterdam à Milan. Une valise a été simulée comme « vêtement » mis en vente pour 1 euro, puis achetée par un second compte. Les frais de livraison s’élevaient à un peu plus de 6 euros, bien moins qu’un bagage supplémentaire sur un vol européen, qui coûte plusieurs dizaines d’euros.
Une économie de transport impressionnante
Ce système est largement commenté sur les réseaux sociaux et forums comme Reddit. Devlin, un utilisateur néerlandais, confie : « Vinted est une supermanière d’envoyer des colis pas chers. Avant, j’ai utilisé FedEx pour envoyer quelque chose en Espagne et j’ai payé 65 euros. Avec Vinted, c’est seulement 5 à 6 euros. »
Des discussions sur des groupes Facebook néerlandais montrent que cette pratique est répandue. Kris explique : « Le système des étiquettes était plus simple et moins cher. J’ai juste convenu avec quelqu’un du moment où je mettais l’objet sur Vinted, et il l’achetait directement. On économise facilement sur les frais d’envoi. »
Les limites et risques
Vinted rappelle que la plateforme n’est pas conçue pour expédier des colis personnels. « Même si ce n’est qu’à petite échelle, ce genre de détournement peut nuire à la confiance entre membres et à la qualité globale de l’expérience, » précise un porte-parole. Des comptes ont déjà été supprimés ou bloqués pour non-respect des règles.
En parallèle, Brenger, l’un des partenaires transporteurs, se dit surpris par ces pratiques : « Les accords entre vendeurs et acheteurs échappent à notre supervision. Nous analysons néanmoins les activités pour éviter les détournements. »
Des cas similaires en France
Cette méthode n’est pas limitée aux Pays-Bas. Lou, 26 ans, l’a utilisée pour déménager de Bordeaux à Lyon, tandis que Lili, 16 ans, a expédié 30 kilos de vêtements d’Italie vers la France pour ses vacances, évitant ainsi des frais de bagages supplémentaires. « Ajouter un bagage enregistré aurait coûté 90 euros, » explique-t-elle.
Roel Gevaers, expert en transport, n’est pas étonné : « Les consommateurs sont inventifs pour trouver des solutions d’envoi moins chères. Si cela se généralise, les transporteurs partenaires pourraient augmenter leurs tarifs. »
Des histoires à l’international
En France, de nombreux récits montrent que des étudiants utilisent Vinted pour envoyer des colis à leurs familles ou amis, économisant ainsi sur des envois coûteux. Une jeune femme de Saint-Etienne raconte : « La Poste officielle est très chère. J’ai mis un colis ‘à vendre’ sur Vinted et ma mère l’a acheté. Le tout pour 6 euros au lieu de 30 à 50. »
En Espagne, une étudiante en échange universitaire a reçu vêtements et nourriture de ses parents via Vinted. Le système fonctionne de la même manière : un objet fictif est mis en vente pour 1 euro, acheté par l’étudiante, et expédié à prix réduit.
Encadrement et réglementation
Aux Pays-Bas, Vinted collabore avec plusieurs transporteurs, mais certains, comme Mondial Relay et Brenger, n’ont pas de licence officielle de transport professionnel. Selon l’Inspection Leefomgeving en Transport (ILT), cela signifie que ces entreprises devraient passer par des prestataires autorisés. L’Autorité Consument & Markt (ACM) précise que le marché des colis est largement non régulé. DPD, DHL et Mondial Relay n’ont pas souhaité commenter ces pratiques.
Malgré le risque, la tentation reste forte : économiser sur les envois coûteux attire de nombreux jeunes et particuliers, prêts à détourner le système avec créativité.
En fin de compte, cette pratique montre l’ingéniosité des consommateurs pour réduire leurs frais, tout en posant des questions sur la confiance et la régulation des plateformes de vente en ligne.