Après les maisons et les piscines, les squatteurs ciblent désormais les forêts – voici pourquoi

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En France, le phénomène des squats prend de nouvelles formes. Forêts isolées, péniches ou piscines privées : les intrusions illégales ne concernent plus seulement les logements vacants. Pour les propriétaires, les conséquences sont lourdes, souvent financières, et la loi peine à protéger ces espaces atypiques.

Forêts privées : un nouvel eldorado pour les squatteurs

Alain, propriétaire en Ille-et-Vilaine, n’en revient toujours pas. Son champ privé a été envahi à plusieurs reprises par des rave parties rassemblant parfois plusieurs milliers de personnes. « Deux à trois mille personnes qui déboulent, qui s’installent… », raconte-t-il, abasourdi par l’ampleur des dégâts laissés derrière. Malgré ses plaintes répétées, l’affaire est souvent classée sans suite, laissant les propriétaires désemparés face à ce phénomène grandissant.

Le squat de forêts ou de terrains isolés se développe rapidement. Contrairement aux habitations, ces zones sont difficiles à surveiller et permettent aux intrus de rester longtemps sans être repérés. Peu médiatisé, ce phénomène cause pourtant des pertes importantes pour les propriétaires privés, qui peinent à faire valoir leurs droits.

Péniches : quand les plaisanciers deviennent cibles

À Paris, au port de l’Arsenal, plusieurs propriétaires de péniches subissent des intrusions fréquentes. Gérard, installé depuis quinze ans, se souvient d’un incendie provoqué par un squatteur : « Vers 5h du matin, une personne s’est rendu compte qu’il y avait de la fumée qui sortait du bateau, et c’est là où j’ai été prévenu ». Les dégâts ont atteint plusieurs centaines de milliers d’euros.

Un autre résident ajoute : « Ils viennent faire la java la nuit, finir de picoler sur les bateaux. Quand c’est du vin, il y a des taches partout ». À La Rochelle, face à ce problème, un PC Sécurité a été mis en place pour surveiller les accès, preuve que les tensions montent dans les zones de plaisance.

Piscines et terrains privés : un vide juridique inquiétant

Les piscines privées ne sont pas épargnées. Utilisées sans autorisation par des intrus, elles peuvent causer des dommages importants. Ces actes sont passibles de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Mais encore faut-il identifier les responsables. « Ces infractions peuvent rentrer dans le cadre d’une violation de domicile. Toute la difficulté est d’obtenir l’identité des squatteurs, des occupants temporaires », explique Maître Pauline Declerck, avocate spécialisée en droit immobilier.

La loi anti-squat prévoit des sanctions sévères, mais elle reste difficile à appliquer dans le cas des terrains non bâtis, des forêts ou des piscines. L’absence de témoins, le manque de vidéosurveillance et les espaces isolés compliquent la tâche des autorités. Les propriétaires paient souvent de leur poche les conséquences d’un flou juridique persistant.

Pourquoi ces squats atypiques se multiplient

Les motivations des squatteurs varient : certains recherchent un lieu pour faire la fête, d’autres cherchent simplement un abri temporaire. Les terrains isolés, les bateaux et les piscines offrent une intimité qui protège ces intrus des interventions rapides des forces de l’ordre.

Ce phénomène soulève une question essentielle : notre législation est-elle adaptée à ces nouveaux types d’intrusions ? Les zones rurales et atypiques, où les propriétaires sont souvent seuls, restent vulnérables face à ces occupations illégales. La multiplication des cas attire l’attention sur la nécessité de repenser la protection des biens privés.

Un phénomène à surveiller de près

En France, les squats ne se limitent plus aux logements : forêts, péniches et piscines deviennent des zones de non-droit. Les propriétaires se trouvent souvent démunis face à ce flou juridique et aux dégâts matériels qui peuvent atteindre des centaines de milliers d’euros. Le problème prend de l’ampleur dans les villes et zones rurales, mettant en lumière les limites de la loi actuelle.

Face à ces intrusions, certaines municipalités et propriétaires tentent des solutions locales, comme la surveillance renforcée des ports ou la sécurisation des terrains. Mais pour que le phénomène soit contenu, il faudra sans doute une adaptation législative et des dispositifs plus efficaces pour protéger les biens privés.

En attendant, ce phénomène nous rappelle que le squat peut toucher bien plus que les maisons et appartements, et qu’une vigilance accrue reste indispensable pour les propriétaires et les collectivités.


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