Après 17 ans de service, ce facteur licencié pour avoir dit « non » à sa hiérarchie

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Après presque deux décennies de carrière exemplaire, un facteur de Saint-Étienne voit son parcours professionnel basculer brutalement. En mars 2019, il refuse de se soumettre à un alcootest demandé par sa hiérarchie, un geste qui va lui coûter cher. Licencié pour faute grave, cet employé qui avait fait preuve de sérieux et d’engagement se retrouve au cœur d’une affaire qui rappelle la rigueur des règles internes en matière de sécurité au travail, notamment pour les postes sensibles comme la conduite de véhicules.

Un facteur reconnu, dont tout s’effondre un matin

Depuis 17 ans, Monsieur J est un visage familier dans les rues de Saint-Étienne. Ses collègues le décrivent comme sérieux, ponctuel, et son ancienneté était respectée par sa hiérarchie. Pourtant, ce jour précis de mars 2019, dès son arrivée à la plateforme de distribution, son attitude interpelle. Il semble confus, son haleine trahit une consommation d’alcool récente, ce qui alerte immédiatement ses collègues. Rapidement, sa responsable s’inquiète de son aptitude à conduire le véhicule de service, un poste qualifié de sensible et à risque.

Face à ces doutes, la direction lui demande à plusieurs reprises de passer un alcootest, un contrôle prévu par le règlement intérieur de La Poste pour les salariés en charge de fonctions à risque. Mais Monsieur J refuse catégoriquement à trois reprises, avançant des excuses qui ne convainquent pas ses supérieurs. Confronté, il reconnaît finalement avoir bu « deux à trois verres de whisky » la veille, ce qui soulève de sérieuses questions sur sa capacité à travailler dans ces conditions.

Des règles internes strictes pour garantir la sécurité

Comme dans beaucoup d’entreprises, La Poste s’appuie sur un règlement intérieur très précis pour encadrer la consommation d’alcool sur le lieu de travail. Les postes impliquant la conduite de véhicules ou d’autres responsabilités à risque sont particulièrement surveillés. En cas de suspicion, la direction est en droit d’exiger un test d’alcoolémie, pour assurer la sécurité des salariés mais aussi du public.

Il est important de souligner que l’employeur n’a pas à prouver que le salarié est ivre : le simple refus de se soumettre à un alcootest, surtout après plusieurs demandes, peut être considéré comme une faute grave. Maître Henri Guyot, avocat spécialisé en droit du travail, expliquait récemment dans Le Figaro : « Si une personne alcoolisée prend le volant, elle devient un danger potentiel pour elle-même et pour les autres ».

Les droits du salarié face au test d’alcoolémie

Lors d’un test d’alcoolémie demandé dans ce cadre, le salarié a néanmoins certains droits. Il peut être accompagné par un représentant du personnel ou un témoin, et demander une contre-expertise s’il souhaite contester les résultats. Mais en refusant purement et simplement le contrôle, Monsieur J a fermé la porte à toute vérification et à toute contestation éventuelle.

Pour appuyer cette position, l’avocat précise : « Ce qui importe, c’est l’état au moment précis de la prise de poste, pas ce qui se passe plusieurs heures après. » Cette précision est d’autant plus significative que Monsieur J avait déjà reçu un avertissement pour avoir introduit de l’alcool sur son lieu de travail auparavant. Ce passé a clairement pesé dans la décision de la direction et des juges.

Le verdict judiciaire et la fin d’un long parcours

Malgré ses efforts pour prouver sa sobriété au moment de sa prise de poste, les analyses réalisées plusieurs heures après l’incident n’ont pas été prises en compte. En mai 2025, la cour d’appel de Lyon a confirmé le licenciement pour faute grave de Monsieur J. Ce jugement a rappelé que la gravité du refus de contrôle dans un cadre réglementaire et la sécurité du travail priment sur l’ancienneté ou la bonne conduite passée.

Le facteur n’a pas obtenu d’indemnités ni de réparation pour licenciement abusif ou préjudice moral. Cette affaire illustre la sévérité de la jurisprudence face aux refus d’alcoolémie dans les postes sensibles. Même des années de services sans faute ne peuvent protéger contre une sanction lourde quand la sécurité est engagée.

Ce dossier est un avertissement clair pour tous les salariés : le respect des procédures de sécurité et des règles internes est essentiel, surtout quand la santé et la vie des autres sont en jeu. La Poste, comme beaucoup d’entreprises, ne transige pas avec la sobriété et la sécurité au travail.

Il souligne également l’importance pour les employés de bien comprendre leurs droits et devoirs face à ce type de contrôle, ainsi que les conséquences d’un refus.

Au final, cette affaire révèle le fragile équilibre entre la confiance accordée à un salarié et les impératifs de sécurité qui s’imposent, un rappel que même la fidélité à une entreprise ne protège pas contre les règles quand il s’agit de garantir la sécurité collective.


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