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Depuis plusieurs mois, une nouvelle forme d’arnaque en ligne inquiète les autorités. De faux sites se font passer pour des plateformes officielles d’assurance retraite et trompent des milliers de retraités. Derrière des interfaces soignées et des logos familiers, des escrocs subtilisent des données personnelles et parfois même les économies de toute une vie. Ces fraudes se multiplient à grande vitesse, portées par l’usage de l’intelligence artificielle.
Des faux sites au look officiel
Les cybercriminels rivalisent d’ingéniosité pour inspirer confiance. Leurs pages Internet reprennent les codes visuels des institutions publiques : logos bleu-blanc-rouge, vocabulaire administratif, mise en page sobre. Les promesses sont alléchantes : augmenter sa pension, obtenir un complément retraite ou encore bénéficier d’un « nouveau dispositif » supposément validé par l’État. En apparence, tout semble crédible, et c’est là que le piège se referme.
Les internautes sont invités à cliquer sur un lien et à renseigner un formulaire. En quelques minutes, ils livrent leur identité, leur numéro de sécurité sociale et parfois leurs coordonnées bancaires. Certains sites affichent même de fausses recommandations de journaux nationaux ou d’experts financiers pour paraître encore plus fiables. Beaucoup de victimes affirment ne s’être doutées de rien tant le site semblait authentique.
Des escroqueries bien rodées
Le mécanisme est toujours le même : une publicité sur les réseaux sociaux, un message rassurant, puis un lien menant vers un faux portail d’assurance. L’utilisateur est ensuite contacté par un prétendu « conseiller retraite » qui lui promet monts et merveilles. En réalité, ces appels servent à soutirer davantage d’informations ou à pousser les victimes à investir dans de faux produits financiers.
Selon Jérôme Saiz, expert en cybersécurité chez OPFOR Intelligence, la situation devient alarmante : « On sait qu’il y a des milliers de retraités à travers le monde qui ont tout perdu ». En France, les pertes se chiffrent déjà à plusieurs millions d’euros. Les autorités rappellent que la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) ne demande jamais de données bancaires via un lien ou un formulaire en ligne.
L’intelligence artificielle, le nouvel allié des escrocs
L’arrivée de l’intelligence artificielle a profondément changé la donne. Les fraudeurs utilisent désormais des outils capables de rédiger et de mettre en page de faux articles de presse à une vitesse record. Sur les réseaux, on voit fleurir des publications qui imitent parfaitement les grands médias comme Le Monde ou France Info. Les titres sont racoleurs : « Paris : À 39 € par mois, cette mutuelle cartonne chez les seniors ! » ou encore « Les retraités changent tous de complémentaire santé ! ».
Ces pages frauduleuses, parfois accompagnées d’un petit texte en bas précisant qu’elles ont été « générées par IA », se protègent ainsi légalement tout en semant la confusion. Le résultat : des milliers d’internautes redirigés vers des plateformes douteuses et convaincus d’avoir affaire à une offre réelle. Les experts constatent une explosion de ces fausses publicités depuis 2024, notamment sur Facebook et YouTube.
Des seniors souvent démunis face à ces pièges
Les retraités constituent la cible privilégiée de ces arnaques. Beaucoup d’entre eux n’ont pas les bons réflexes numériques et se fient encore à l’apparence visuelle d’un site. La promesse d’un gain rapide ou d’un avantage financier suffit souvent à faire baisser la garde. « Nous essayons de sensibiliser nos retraités : l’information fiable se trouve uniquement sur les sites officiels », rappelle Renaud Villard, directeur de la Cnav.
Pour éviter les pièges, quelques réflexes simples peuvent faire la différence :
- Vérifier toujours l’adresse web : un « .gouv.fr » ou « .assurance-retraite.fr » est un signe d’authenticité ;
- Se méfier des offres trop belles pour être vraies ;
- Ne jamais cliquer sur un lien reçu par mail ou par SMS sans en vérifier la source ;
- Contacter directement son organisme de retraite en cas de doute.
Une vigilance plus que jamais nécessaire
Les autorités appellent à une extrême prudence. La fraude en ligne touche désormais tous les âges, mais les seniors restent les plus vulnérables. Les escrocs exploitent la confiance et la méconnaissance du numérique pour récolter un maximum d’argent. Des campagnes de prévention sont d’ailleurs en cours dans plusieurs régions, notamment via les mairies et les caisses de retraite locales.
Face à cette vague d’arnaques, un seul mot d’ordre : méfiance. Aucun organisme public ne vous demandera de fournir vos données bancaires par téléphone ou par Internet sans vérification. Si un site vous promet des économies spectaculaires ou un complément retraite en quelques clics, fermez la page immédiatement.
À l’heure où l’intelligence artificielle brouille les repères, il devient crucial d’apprendre à repérer le vrai du faux. Les seniors, en particulier, doivent être accompagnés et informés pour naviguer en toute sécurité sur Internet. La vigilance reste la meilleure protection contre des fraudeurs toujours plus habiles.