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Depuis quelques mois, Ryanair revoit profondément son offre en France. Cet hiver, la célèbre compagnie low-cost va réduire de 13 % sa capacité dans l’Hexagone. Cela signifie la suppression de 25 lignes aériennes, la disparition de 750 000 sièges et surtout l’abandon de trois aéroports régionaux. Une décision lourde de conséquences pour les voyageurs qui profitent habituellement des tarifs très attractifs de la compagnie. Le point de départ ? Une taxe jugée par Ryanair comme une véritable épine dans le pied de son développement sur le marché français.
Ryanair dit stop à trois aéroports régionaux
Depuis juillet 2025, Ryanair a entamé une restructuration majeure de son réseau en France. Trois aéroports importants seront ainsi désertés par la compagnie : Bergerac, Brive-Vallée de la Dordogne et Strasbourg. Ces fermetures participent à un mouvement plus large qui correspond à une baisse globale de 13 % de la capacité offerte par Ryanair en France.
Avec ces changements, 25 lignes aériennes vont disparaître, emportant avec elles 750 000 sièges en moins sur le territoire français. Cette décision affecte directement des milliers de passagers, notamment ceux qui utilisaient ces aéroports régionaux pour leurs voyages à bas prix.
La cause principale de ce retrait massif est la taxe sur les billets d’avion, appelée TSBA, que Ryanair qualifie d’ »astronomique ». Cette taxe pèse lourdement sur le coût des billets, ce qui nuit à la compétitivité de la France comparée à d’autres pays européens comme l’Irlande, l’Espagne ou la Pologne, qui ne pratiquent pas de taxe similaire.
Le gouvernement français a maintenu cette taxe malgré les nombreuses alertes des acteurs du transport aérien. Selon Ryanair, cette absence de recul a provoqué une réaction forte, avec une révision à la baisse de son offre. L’Union des aéroports français (UAF) a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme, soulignant que le retrait de la compagnie pourrait fragiliser plusieurs aéroports régionaux. Certaines villes comme Carcassonne, Béziers, Nîmes ou Limoges risquent ainsi de voir leur offre low-cost s’effondrer, au détriment des voyageurs et des territoires concernés.
Une lueur d’espoir si la taxe disparaît
Malgré ce contexte difficile, Ryanair laisse entrevoir une porte de sortie. La compagnie affirme que si la TSBA venait à être supprimée, elle pourrait inverser la tendance actuelle et même investir massivement en France. Dans cette hypothèse, la compagnie prévoit :
- d’ajouter 25 avions supplémentaires sur le territoire français ;
- d’investir 2,5 milliards de dollars pour développer ses infrastructures et services ;
- de doubler son trafic à 30 millions de passagers par an, contre environ 15 millions aujourd’hui.
Un tel plan de relance renforcerait l’attractivité des hubs régionaux et ferait baisser le coût des billets, au bénéfice des voyageurs. Ce scénario montre combien les décisions politiques peuvent avoir un impact direct sur l’avenir du transport aérien low-cost en France.
Une évolution aussi pour les bagages cabine
Dans le même temps, Ryanair a annoncé un changement sur la taille autorisée des bagages cabine. Contrairement aux autres compagnies membres de Airlines for Europe (A4E), qui ont fixé un format maximal de 40 × 30 × 15 cm, Ryanair propose désormais un format plus généreux : 40 × 30 × 20 cm. Cela représente un gain de 20 % en volume pour les passagers, une avancée notable pour ceux qui souhaitent emporter plus d’affaires sans payer de supplément.
Cette mesure montre que Ryanair continue d’innover sur certains points pour garder sa clientèle fidèle, malgré les difficultés rencontrées sur le marché français.
Des enjeux majeurs pour le transport aérien français
Le retrait partiel de Ryanair traduit une situation complexe où les taxes, la réglementation et la concurrence européenne jouent un rôle crucial. La compagnie, qui a bâti sa réputation sur des prix très bas, se trouve aujourd’hui face à un dilemme : rester en France en limitant ses ambitions ou se retirer partiellement pour limiter les pertes.
Pour les voyageurs, cette réduction des vols signifie moins d’options et potentiellement des prix plus élevés, notamment dans les zones rurales ou les villes moyennes. Pour les aéroports régionaux, la menace d’une baisse de fréquentation est réelle, ce qui pourrait affecter l’économie locale et l’accès au transport aérien pour certaines populations.
Du côté des autorités, la question de la taxe TSBA se pose désormais avec acuité. Si elle est perçue comme un obstacle à la compétitivité, son maintien pourrait coûter cher au secteur aérien français. Inversement, un assouplissement pourrait relancer la dynamique du low-cost et favoriser un développement plus large du transport aérien sur le territoire.
Ryanair a clairement indiqué qu’elle attend des signaux forts du gouvernement pour envisager un futur plus ambitieux en France. En attendant, les voyageurs doivent se préparer à une offre réduite cet hiver, marquée par la disparition de plusieurs lignes et la fermeture de certains aéroports.
Cette situation souligne à quel point la politique fiscale et les décisions réglementaires influencent directement notre manière de voyager. L’avenir du low-cost en France est suspendu à ces choix, qui détermineront si le pays pourra conserver une offre accessible et compétitive pour ses millions d’usagers.
Ryanair est dans une phase délicate, tiraillée entre une volonté d’investir et une taxation qu’elle juge excessive. Ce bras de fer entre la compagnie et les autorités françaises s’annonce décisif pour le secteur aérien et les consommateurs. À suivre de près dans les prochains mois.