La nouvelle est tombée : le Smic va encore augmenter, voici son montant au 1er janvier 2026

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La nouvelle n’a rien d’une surprise, mais elle laisse un goût amer à des millions de salariés. Le groupe d’experts chargé de suivre l’évolution du salaire minimum vient de livrer son avis annuel : pour 2026, il préconise de s’en tenir à la simple revalorisation automatique du Smic, sans geste supplémentaire du gouvernement. Une décision présentée comme raisonnable dans un contexte de marché du travail qui ralentit, mais jugée insuffisante par les syndicats et de nombreux travailleurs déjà sous pression financière. Voici ce qui change réellement, et pourquoi le débat s’annonce encore électrique dans les prochains jours.

Une hausse limitée… et déjà très contestée

Dans leur rapport remis le 27 novembre, les experts recommandent une augmentation mécanique d’environ 1,4 %, soit ce que prévoit la formule légale d’indexation. Une progression légèrement supérieure à l’inflation attendue l’an prochain, estimée autour de 1 %, mais loin des espoirs des salariés les plus modestes.

Selon leurs calculs, cette revalorisation ferait grimper le Smic net d’un peu moins de 20 euros par mois. Une hausse symbolique, que beaucoup jugent déconnectée de la réalité du coût de la vie. « Vingt euros, ce n’est pas suffisant. Avec les factures et les courses, ça disparaît tout de suite », souffle Noémie, auxiliaire de crèche à Orléans. Pour elle, ce montant représente tout juste deux boîtes de lait infantiles.

Mehdi, vendeur dans une gare parisienne, partage cette lassitude. « Vingt euros, c’est nul ! Quand on vit avec un Smic, il suffit d’un coup dur et tout s’écroule », raconte-t-il. L’an dernier, il a dû remplacer un lave-linge, un achat qui a forcé son foyer à se restreindre pendant plusieurs semaines.

Pourquoi les experts ne veulent pas aller plus loin

Depuis sa création en 2008, le groupe d’experts sur le Smic n’a jamais soutenu l’idée d’un coup de pouce supplémentaire. Cette année encore, il met en avant plusieurs arguments pour justifier sa position :

  • un marché du travail qui montre des signes de ralentissement ;
  • un Smic déjà proche du salaire médian en France ;
  • un coût élevé des allègements de charges accordés aux employeurs sur les bas salaires

Pour les experts, ajouter un supplément à la hausse automatique fragiliserait une partie des entreprises, en particulier celles qui concentrent beaucoup d’emplois payés au minimum légal. Ils rappellent aussi que, selon leurs données, le Smic aurait progressé plus vite que les prix ces cinq dernières années, contrairement à d’autres salaires légèrement plus élevés et qui, eux, n’ont pas retrouvé leur niveau de pouvoir d’achat d’avant la période inflationniste.

Les syndicats dénoncent une mesure “déconnectée”

La CFDT estime qu’un geste supplémentaire aurait été « bienvenu ». La CGT, elle, est beaucoup plus offensive : elle réclame un Smic porté à 2 000 euros brut et accuse le gouvernement de laisser filer la précarité. Selon Thomas Vacheron, secrétaire confédéral du syndicat, la priorité est de « remettre les salaires au cœur du débat ». Il va même plus loin en estimant qu’il faudrait « supprimer ce groupe d’experts de la non-augmentation du Smic ».

Le fossé entre les préconisations du rapport et les revendications syndicales alimente un climat social déjà très tendu. Trois organisations – CGT, Solidaires et FSU – ont d’ailleurs appelé à une grève nationale le 2 décembre, consacrée aux salaires et au pouvoir d’achat.

Un Smic très proche du salaire médian : un atout ou un frein ?

Le rapport insiste sur un point précis : parmi tous les pays de l’Union européenne, c’est en France que le Smic est le plus proche du salaire médian. En 2023, ce salaire médian atteignait 2 183 euros nets dans le privé. Pour Stéphane Carcillo, président du groupe d’experts, cette proximité réduit les marges d’évolution dans les entreprises et entretient l’effet « trappe à bas salaires », qui freine la progression professionnelle.

Les experts militent donc pour un changement : ramener progressivement au niveau de 2 Smic le plafond qui permet aux employeurs de bénéficier d’exonérations de cotisations. Une mesure qui, selon eux, générerait jusqu’à 6 milliards d’euros d’économies. Cet argent pourrait être réorienté, par exemple, vers la prime d’activité, un dispositif destiné à compléter les revenus des travailleurs modestes.

En toile de fond : aides locales et pouvoir d’achat sous pression

Le rapport souligne aussi un autre facteur souvent oublié : le poids des aides locales (communes, départements, régions). Ces soutiens, essentiels pour de nombreuses familles, n’ont pas toujours suivi l’inflation. Les experts recommandent donc un meilleur suivi de ces dispositifs afin d’éviter que les ménages modestes ne subissent un décrochage supplémentaire.

Au 1er novembre 2024, environ 2,2 millions de salariés du privé étaient rémunérés au Smic, soit un peu plus de 12 % de l’ensemble. Une population nombreuse, pour laquelle la hausse de janvier représente souvent la seule augmentation annuelle.

Le gouvernement, après consultation des partenaires sociaux, devra trancher. Mais dans les faits, les Premiers ministres suivent presque toujours l’avis des experts. Pour les salariés concernés, l’attente ressemble donc davantage à une confirmation qu’à une interrogation.

Ce qu’il faut retenir pour le début d’année

Si les recommandations sont appliquées, le Smic net passerait d’environ 1 426 euros à un peu plus de 1 445 euros. Une hausse modeste, dans un contexte de vie chère qui pèse déjà fortement sur les foyers les plus fragiles. Pour beaucoup, c’est surtout l’absence de coup de pouce qui laisse un arrière-goût amer, alors que les dépenses contraintes ne cessent de grimper.

Dans les prochaines semaines, les discussions promettent donc de s’animer entre gouvernement, syndicats et salariés. Une chose est sûre : le pouvoir d’achat restera au cœur des débats et continuera d’alimenter les tensions sociales.


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