La fin des cures thermales ? L’Etat projette de réduire le remboursement des séjours pour les patients

Afficher les titres Masquer les titres

Le gouvernement envisage une réduction drastique du remboursement des cures thermales, faisant passer la prise en charge de 65 % à seulement 15 %. Une décision qui inquiète autant les patients que les stations thermales et pourrait bouleverser l’économie de ce secteur. Quelles conséquences pour les curistes et les territoires ?

Un projet qui secoue le secteur thermal

Actuellement, les cures thermales de 18 jours bénéficient d’un remboursement à 65 % du forfait par l’Assurance maladie, avec la surveillance médicale prise en charge à 70 % et des aides au transport ou à l’hébergement sous conditions de ressources. Ce dispositif permet aux patients de limiter leur reste à charge tout en profitant de soins adaptés.

La ministre déléguée Charlotte Parmentier-Lecocq a confirmé au Sénat que « Le gouvernement fait des propositions et le Parlement débattra », rappelant que la décision finale reviendra aux parlementaires. Selon elle, la proposition actuelle viserait à réduire le taux de remboursement du forfait thermal de 65 à 15 %, tandis que la prise en charge des patients en ALD passerait du 100 % au taux commun de 65 %. Cette double mesure représenterait une économie de 200 millions d’euros pour les comptes sociaux.

Des économies mais un reste à charge plus lourd

Pour un séjour de 18 jours, le coût total d’une cure se situe entre 1 500 € et 2 000 €, avec une part prise en charge par la Sécu aujourd’hui comprise entre 500 et 600 €. Le reste à charge hors mutuelle est donc généralement de 1 000 à 1 400 €. Avec la baisse de remboursement à 65 % pour les ALD, le reste à charge augmenterait d’environ 200 € par cure. Mais si le taux tombe à 15 %, la facture pour les patients pourrait grimper de façon beaucoup plus significative, même si les complémentaires santé peuvent prendre le relais.

Attention toutefois, toutes les mutuelles ne couvrent pas de la même manière les frais liés aux tickets modérateurs, suppléments tarifaires, transport ou hébergement. Pour certains ménages, le budget d’une cure pourrait devenir difficilement supportable.

Quel impact pour les stations et l’emploi local ?

Les curistes en ALD représentent environ 25 % des patients dans les stations thermales. Thierry Dubois, président du Cneth, estime que cette mesure serait « extrêmement dommageable pour la profession », rappelant l’importance économique du secteur. Les 89 stations thermales conventionnées irriguent des bassins d’emploi souvent situés en zones rurales, où la baisse de fréquentation pourrait peser sur les établissements thermaux et leurs hébergeurs.

Au-delà de l’économie, le débat touche aussi l’intérêt médical des cures, sujet sur lequel les avis divergent au sein de la communauté médicale. Le gouvernement avance pourtant l’argument des économies à réaliser sur le budget social, estimées à 200 millions d’euros.

Une réforme progressive pour les patients en ALD

Un projet de décret prévoit qu’à partir du 1er février 2026, les 14 millions de patients en ALD bénéficieront du taux de remboursement commun de 65 %, au lieu du 100 % actuel. Cette mesure doit encore être examinée par le conseil de la Cnam. L’objectif annoncé est de rationaliser les dépenses tout en maintenant une prise en charge minimale, mais le passage à 15 % pour le forfait thermal pourrait représenter un véritable choc pour les patients et leurs familles.

Les stations thermales redoutent une diminution de la fréquentation et un impact négatif sur l’économie locale. Les patients, eux, se retrouvent face à des choix difficiles : financer une cure malgré un reste à charge plus lourd ou renoncer à des soins jugés bénéfiques pour leur santé. Les élus locaux suivent de près la situation, conscients que ce secteur est un moteur d’emploi et de dynamisme dans certaines régions.

Un enjeu social et économique majeur

Les curistes devront désormais évaluer le coût réel d’une cure, en incluant forfait, transport et hébergement, avant de s’engager. Pour certains, la baisse drastique du remboursement pourrait entraîner un report ou une annulation de leur séjour. Les mutuelles et complémentaires santé seront sollicitées pour combler le déficit, mais leur couverture varie selon les contrats.

Pour les stations thermales, l’enjeu est double : maintenir leur attractivité auprès des curistes et préserver les emplois locaux. Les discussions parlementaires à venir détermineront l’avenir de ce dispositif et l’ampleur des économies réalisées sur le budget social. Le secteur espère que des ajustements seront possibles pour limiter le choc financier pour les patients.

En résumé, cette réforme potentielle du remboursement des cures thermales touche à la fois les patients, les mutuelles et l’économie locale des stations. Si elle se concrétise, elle pourrait transformer profondément l’accès aux soins thermaux en France et modifier le paysage économique des territoires concernés.


Faites passer le mot en partageant !