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Chez Holaluz, société espagnole spécialisée dans l’énergie, la décision de faire revenir tout le monde au bureau a provoqué une vague de départs. Alors que le télétravail semblait avoir trouvé sa place dans le quotidien professionnel, la direction a tranché net. Résultat : près d’un quart des salariés ont quitté le navire, et l’entreprise fait face à une crise interne inattendue. Ce retournement met en lumière un débat qui secoue de nombreuses entreprises depuis la fin de la pandémie : peut-on vraiment faire marche arrière sur la flexibilité au travail ?
Un retour imposé… et mal digéré
Le télétravail n’est plus une option chez Holaluz. Depuis le début de l’année, la direction a décrété un retour complet en présentiel. Une décision tombée sans concertation, motivée uniquement – selon les rares explications fournies – par une volonté d’économiser 250 000 euros. Mais pour de nombreux salariés, cela a été vécu comme un véritable coup de massue. En quelques semaines, près de 25 % des employés ont posé leur démission. Certains parlent même d’un taux avoisinant les 30 %.
« On nous a retiré du jour au lendemain ce qu’on avait mis des années à construire », confie un ancien cadre sous couvert d’anonymat. La direction, elle, reste discrète, sans expliquer pourquoi un tel revirement a été jugé nécessaire.
Un climat tendu et une méfiance généralisée
Le manque de clarté autour de cette décision a rapidement détérioré l’ambiance en interne. Sans explication concrète ni communication sincère, la méfiance s’est installée. Les salariés restants redoutent un avenir flou. Certains parlent d’une direction déconnectée, d’autres évoquent une volonté de contrôler davantage les équipes.
« On nous parle de redressement financier, mais on ne comprend pas comment supprimer le télétravail va y contribuer », glisse une employée toujours en poste. Les départs successifs ont plongé plusieurs équipes dans le désordre, et les tensions s’accumulent.
Les dégâts vont bien au-delà des économies promises
Ce n’est pas seulement une perte d’effectif. Holaluz fait aujourd’hui face à une véritable hémorragie de compétences. L’impact est immédiat sur l’organisation interne, la qualité du travail… et même la motivation des employés restés en poste.
Les conséquences observées depuis la suppression du télétravail :
- Désorganisation des équipes ;
- Fuite de compétences clés ;
- Tensions accrues au quotidien ;
- Baisse du moral général ;
- Frais de recrutement et de formation en forte hausse.
Un scénario que la direction semble avoir sous-estimé.
Une grève illimitée en réponse à l’autoritarisme
Les syndicats n’ont pas tardé à réagir. La CGT et l’UGT ont lancé un mouvement de grève illimité, qui paralyse partiellement l’entreprise depuis plusieurs jours. Ce qui devait être un simple avertissement s’est transformé en bras de fer prolongé avec la direction.
Holaluz affirme que seules 16 % des équipes sont concernées par le mouvement, mais les effets sont bien visibles. Le fonctionnement quotidien est perturbé, l’image de l’entreprise ternie, et le conflit prend une ampleur médiatique que l’entreprise aurait sans doute préféré éviter, surtout en pleine période de redressement financier.
Un retour en arrière qui coûte très cher
Ce que Holaluz espérait gagner en économies se transforme aujourd’hui en gouffre organisationnel. La suppression du télétravail s’est faite sans consultation, sans stratégie d’accompagnement, et surtout sans tenir compte de la réalité du marché du travail en 2025.
Résultat :
- Perte massive de talents ;
- Départ précipité de nombreux salariés expérimentés ;
- Explosion des coûts de recrutement ;
- Image d’entreprise entachée ;
- Productivité en baisse.
Un avertissement pour toutes les entreprises
Ce cas pourrait bien servir d’exemple – ou d’avertissement – à d’autres structures tentées de revenir à des pratiques d’avant-Covid. Les travailleurs d’aujourd’hui ne sont plus prêts à renoncer à des acquis comme le travail à distance. Ils attendent de la confiance, de la souplesse et surtout du respect.
Holaluz, en agissant seule et brutalement, a brisé cette confiance. Et c’est toute la dynamique interne qui s’en est trouvée bouleversée. À l’heure où l’équilibre entre vie pro et vie perso est devenu une priorité, les entreprises rigides risquent gros.
« Le bureau à tout prix, ce n’est plus la norme. C’est une vision dépassée », résume un consultant RH.
En choisissant de forcer le retour au présentiel sans dialogue, Holaluz a déclenché une crise dont elle mettra sans doute du temps à se remettre. Car une entreprise sans employés motivés n’est rien de plus qu’un vaisseau à la dérive.