C’est officiel : la justice met fin à l’autorisation de prélèvement d’eau pour les mégabassines à partir de 2026

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La bataille autour des mégabassines connaît un tournant majeur. La justice vient de trancher : à compter de 2026, les autorisations permettant de pomper l’eau pour remplir ces immenses réserves agricoles ne seront plus valables. Une décision qui relance le débat sur la gestion de l’eau et la protection des écosystèmes fragiles du Marais poitevin.

Un feu rouge pour les autorisations de pompage

Vendredi 26 septembre, la Cour administrative d’appel de Bordeaux a annulé l’autorisation pluriannuelle accordée par plusieurs préfets pour le prélèvement d’eau. Ces volumes de pompage, destinés à alimenter l’irrigation agricole, concernaient directement le bassin versant du Marais poitevin, une zone particulièrement sensible aux déséquilibres hydriques.

Dans sa décision, la cour a insisté sur le caractère jugé « excessif » des volumes autorisés. Selon elle, ces prélèvements sont incompatibles avec la réalité d’une région déjà classée en zone de répartition des eaux, où la ressource disponible est inférieure aux besoins. Autrement dit, trop d’eau était promise alors que la réserve naturelle n’en dispose pas assez.

Les collectifs voient une victoire

Du côté des opposants, la décision a été accueillie comme une reconnaissance de leurs alertes. Le collectif Bassines non merci 79, mobilisé depuis des années contre ces projets, n’a pas caché sa satisfaction. Dans un communiqué, il rappelle : « Cette décision confirme ce que nous dénonçons depuis des années : les projets de mégabassines ne répondent pas aux exigences de préservation de la ressource et mettent en péril les écosystèmes du Marais poitevin ».

Pour les militants, cette décision judiciaire constitue un signal fort. Ils y voient une confirmation que l’argument écologique pèse désormais dans les arbitrages, face à la pression du modèle agricole intensif qui réclame toujours plus d’eau.

Des bassines encore remplies cet hiver

Malgré ce coup d’arrêt annoncé, la justice n’a pas remis en cause l’autorisation provisoire valable jusqu’au 31 mars 2026. Concrètement, les mégabassines situées à Mauzé, Praires et Épannes pourront être remplies normalement cet hiver. Les agriculteurs concernés garderont donc une fenêtre de répit avant l’application de la nouvelle donne judiciaire.

Cela signifie que le débat est loin d’être clos. Les partisans des réserves d’eau rappellent qu’elles sont, selon eux, indispensables pour sécuriser les cultures face aux sécheresses à répétition. Les opposants, eux, dénoncent une fuite en avant : stocker l’eau dans des bassines artificielles profiterait à une minorité d’exploitations, tout en aggravant la fragilité des nappes et des cours d’eau.

Un symbole dans la lutte pour l’eau

Cette décision intervient dans un contexte où la gestion de l’eau est au cœur des préoccupations. Les épisodes de sécheresse se multiplient, et la question de savoir comment partager cette ressource rare devient brûlante. Le Marais poitevin, classé zone humide d’importance internationale, illustre parfaitement ce dilemme entre préservation et exploitation.

Les juges ont rappelé que la priorité devait aller à l’équilibre global de la ressource, et non à des projets locaux jugés trop gourmands. Pour les associations écologistes, c’est une avancée notable qui pourrait inspirer d’autres combats similaires ailleurs en France.

Vers un avenir incertain pour les mégabassines

À l’horizon 2026, les agriculteurs devront donc composer sans ces autorisations de pompage, sauf si un nouveau cadre légal venait à les rétablir. En attendant, la tension entre besoins agricoles et impératifs écologiques promet de rester vive. Chaque camp avance ses arguments : d’un côté, la sécurité alimentaire et la survie des exploitations ; de l’autre, la préservation de la biodiversité et la protection des nappes.

La décision de Bordeaux ne met pas un terme définitif aux mégabassines, mais elle marque un sérieux revers pour leurs promoteurs. Elle confirme surtout que l’eau est devenue l’un des grands enjeux de demain, au croisement de l’agriculture, de l’écologie et de la justice.

En somme, le dossier des mégabassines vient de basculer. Si les agriculteurs conservent encore deux hivers pour remplir leurs réserves, l’horizon après 2026 s’annonce beaucoup plus incertain. Un signe clair que l’époque où l’eau semblait inépuisable appartient désormais au passé.


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