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Faut-il limiter la conduite à partir d’un certain âge ? La question divise. En Europe, une mesure appliquée en Italie relance le débat : les conducteurs de plus de 68 ans ne peuvent plus renouveler leur permis pour certains véhicules lourds. Une décision qui pourrait bien inspirer d’autres pays, dont le Portugal. Explications sur une réforme qui fait déjà parler d’elle.
Une sécurité routière repensée pour une population vieillissante
Avec une population européenne qui vieillit rapidement, l’Union européenne envisage de nouvelles règles pour adapter la sécurité routière à cette réalité. L’objectif : mieux encadrer la conduite chez les seniors, tout en garantissant leur autonomie. Si aucune interdiction globale n’est encore prévue, plusieurs options sont sur la table :
- examens médicaux plus stricts ;
- limitations d’horaires ou de trajets ;
- renouvellement conditionnel du permis après un certain âge.
Ces pistes s’inscrivent dans une stratégie plus large de mobilité durable, en discussion entre experts, autorités nationales et associations représentant les personnes âgées. « Il faut trouver un équilibre entre la liberté des conducteurs et la sécurité de tous les usagers de la route« , soulignent plusieurs intervenants.
L’Italie serre la vis pour les conducteurs professionnels
C’est en Italie que le débat a été ravivé récemment. Dans ce pays, les conducteurs de plus de 68 ans ne peuvent plus renouveler leur permis pour les véhicules lourds. Cela concerne :
- les camions ;
- les bus ;
- les véhicules avec remorque.
La mesure, en réalité en place depuis 1992, a été mise à jour plusieurs fois, mais fait l’objet de nouvelles discussions en raison de la pénurie de chauffeurs en Europe. « Ce n’est pas une nouveauté, mais le contexte actuel lui redonne toute son importance« , rapporte le journal El Motor.
Une dérogation envisagée, mais pas encore actée
Face au manque croissant de conducteurs professionnels, certains ont proposé de repousser la limite à 70 ans. Toutefois, ce projet reste à l’étude et n’a pas été validé pour le moment. Il viserait à atténuer les difficultés des entreprises de transport, notamment dans les zones rurales ou mal desservies.
Mais la question divise. D’un côté, il y a ceux qui veulent préserver la capacité de travailler plus longtemps ; de l’autre, ceux qui insistent sur les risques liés à l’âge, notamment la fatigue, les réflexes ou la vue. « Ce n’est pas une question d’exclusion, mais de responsabilité partagée« , affirme un expert en transports.
La voiture personnelle reste autorisée après 68 ans
Il est important de noter que ces restrictions ne concernent que les permis professionnels. En Italie, toute personne de plus de 68 ans peut continuer à conduire son véhicule personnel, à condition de remplir les critères médicaux standards. Le permis B, qui permet de circuler avec une voiture classique, n’est donc pas concerné.
Selon El Motor, c’est la nature même du transport professionnel qui justifie ces règles plus strictes : « Transporter des passagers ou des marchandises lourdes implique un niveau de vigilance et d’endurance bien supérieur à celui requis pour la conduite privée. »
Et au Portugal, que dit la loi ?
Au Portugal, les conducteurs âgés restent autorisés à conduire, mais doivent respecter des conditions précises selon le type de véhicule et leur âge. Pour les conducteurs de poids lourds de marchandises (catégories C et CE), la conduite est autorisée jusqu’à 70 ans, à condition de passer des examens médicaux et psychologiques renforcés dès l’âge de 65 ans.
En revanche, pour les véhicules transportant des passagers, comme les bus (catégories D et D1), la limite est plus stricte : au-delà de 67 ans, la conduite professionnelle n’est plus autorisée, même si l’état de santé est jugé bon. Ces dispositions visent à anticiper les risques sans stigmatiser les conducteurs âgés.
Une tendance européenne qui pourrait s’étendre
Avec ces mesures déjà en place en Italie et partiellement au Portugal, d’autres pays pourraient suivre. La Commission européenne étudie la possibilité d’harmoniser certaines règles pour les conducteurs âgés, sans pour autant imposer une interdiction uniforme. L’enjeu est double : préserver la liberté de circuler tout en renforçant la vigilance sur les routes.
En attendant, les discussions se poursuivent, entre données démographiques, impératifs de sécurité et respect des droits des aînés. Un sujet sensible, mais essentiel pour anticiper les défis de la mobilité de demain.