C’est confirmé : on peut rouler à 150 km/h sur cet autoroute (et ce n’est pas en France)

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Vous roulez tranquillement sur une autoroute, quand soudain une voiture à l’allure étrange vous dépasse à toute vitesse. Camouflage zébré, plaques bizarres, et une vitesse qui frôle les 150 km/h… Pourtant, elle n’a rien d’illégal. En Epagne, certains véhicules bénéficient d’une autorisation spéciale pour dépasser les limitations habituelles. Et cette dérogation ne concerne pas des modèles ordinaires. Elle est réservée à des voitures bien particulières, en phase de test. Zoom sur une tolérance qui n’existe pas en France.

Des voitures bizarres, mais parfaitement légales

Sur les autoroutes AP-7 et AP-2, principalement situées dans le nord-est de l’Espagne, on peut croiser des véhicules qui ne passent pas inaperçus. Leurs motifs zébrés, parfois gris et noirs ou même colorés, ne sont pas un caprice esthétique. Ils servent à brouiller visuellement les lignes du véhicule pour éviter qu’un concurrent n’en copie les formes. Ces voitures ne sont pas encore commercialisées : ce sont des prototypes, en plein essai sur route.

Ces tests ne sont pas faits au hasard. Les constructeurs automobiles les organisent pour analyser le comportement du véhicule à haute vitesse, dans un contexte réel. Freinage, aérodynamisme, moteur, consommation… chaque détail est passé au crible. Et pour pouvoir rouler jusqu’à 150 km/h, ils doivent obtenir une autorisation spéciale de la DGT, l’équivalent espagnol de notre Sécurité routière.

Une procédure très encadrée

Impossible de tester un véhicule à 150 km/h sur autoroute espagnole sans autorisation. La DGT encadre ce type d’essai de manière stricte. Les constructeurs ou les laboratoires doivent fournir plusieurs éléments pour valider la demande : le trajet exact prévu ; la date et la durée de l’essai ; l’identité précise du conducteur ; les objectifs techniques recherchés.

Les véhicules de test reçoivent ensuite des plaques V-12 temporaires, visibles à l’avant et à l’arrière, pour signaler qu’il s’agit d’un essai officiel. Ils sont également équipés d’une peinture ou d’un film de camouflage. Ce look « militaire » peut surprendre, mais il est normal : il permet aussi de ne pas dévoiler prématurément le design du modèle aux yeux du public.

Une tolérance très ciblée

Cette permission exceptionnelle ne s’applique qu’aux autoroutes. Oubliez les excès de vitesse en ville ou sur départementales : la tolérance s’arrête là. Elle vise uniquement à permettre une analyse poussée du comportement du véhicule à vitesse élevée. En cas de non-respect des conditions ou d’accident, c’est le titulaire de l’autorisation – généralement le constructeur – qui assume toute la responsabilité. Et la DGT peut à tout moment suspendre ou annuler l’autorisation en cas de manquement.

La France, beaucoup plus stricte

En France, les essais de prototypes sont également autorisés, mais dans un cadre bien plus rigide. Les véhicules en test circulent avec des plaques W, qui les identifient comme étant en développement. Mais contrairement à l’Espagne, il n’existe aucune tolérance pour dépasser la vitesse maximale autorisée. Les constructeurs doivent donc se contenter de rouler à 130 km/h sur autoroute, comme tout le monde. Pour tester un modèle à haute vitesse, ils doivent réserver un circuit fermé, ou partir à l’étranger.

Ce choix, plus sécuritaire sur le papier, ralentit pourtant certaines phases de développement. L’avantage d’un test sur autoroute est de confronter le véhicule à des conditions réelles, en interaction avec d’autres voitures, dans le vent, sous la pluie… bref, tout ce qu’un circuit ne peut pas forcément simuler.

Des tests essentiels pour les voitures de demain

Ces essais ne sont pas qu’un luxe. Ils permettent de valider des innovations importantes : systèmes de freinage intelligents, aides à la conduite, nouveaux moteurs hybrides ou électriques. Chaque passage à 150 km/h est analysé, mesuré, enregistré. Ces données servent à améliorer la sécurité, la performance ou l’autonomie des futurs véhicules mis sur le marché.

La tolérance espagnole, bien que rare, montre que certains pays font le choix de la flexibilité pour encourager la recherche et le développement automobile. Un pari qui semble porter ses fruits, tout en restant strictement encadré pour ne pas nuire à la sécurité des usagers.

Alors si, lors d’un voyage en Espagne, une voiture zébrée vous dépasse en trombe sur l’autoroute, pas de panique : ce n’est pas un fou du volant, mais peut-être le prototype de la prochaine voiture que vous conduirez dans quelques années.


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