Offrir un smartphone à son enfant est aujourd’hui une question qui tourmente bien des parents. Dire « non » pourrait le couper de ses amis et de certains échanges sociaux. Dire « oui » ouvre la porte à des dangers bien réels : cyberharcèlement, escroqueries, addiction aux écrans… Alors, comment trouver le bon équilibre ? La psychologue Andrea Vizcaíno Cuenca nous éclaire avec un conseil plein de bon sens : ni interdiction rigide, ni liberté totale, mais un juste milieu.
Quand est-ce le bon moment pour un smartphone ?
La grande erreur serait de penser que l’âge suffit à lui seul pour décider. Selon Andrea Vizcaíno, ce qui compte vraiment, c’est la maturité de l’enfant et la qualité du dialogue dans la famille. Avant 15 ou 16 ans, la majorité des jeunes n’ont pas encore le recul nécessaire pour gérer un tel outil sans accompagnement. Leur cerveau est encore en plein apprentissage du contrôle des impulsions et des conséquences de leurs actes.
Il faut aussi penser à l’impact social. Sans téléphone, un enfant risque de rater des discussions de groupe, des invitations ou des blagues partagées sur les réseaux comme Instagram ou TikTok. L’idée n’est donc pas de l’exclure, mais de réduire les risques. Si l’objectif principal reste le contact, un téléphone basique limité aux appels et SMS peut être une première étape rassurante.
Mettre en place des règles claires dès le début
Donner un smartphone à son enfant ne doit pas se faire sans un cadre strict. Il est essentiel de poser des règles non négociables dès le départ : pas de téléphone pendant les repas ; pas d’écran pendant les devoirs ; pas de téléphone avant de dormir ; accès complet des parents au contenu du téléphone.
Il existe de nombreux outils pour aider les parents : contrôles parentaux intégrés aux téléphones ; applications pour limiter le temps d’écran ; blocage des téléchargements sans autorisation. Parmi eux : iOS Screen Time ; Google Family Link ; Qustodio. Andrea Vizcaíno rappelle que ces outils ne sont pas faits pour espionner, mais pour guider l’enfant vers une autonomie responsable.
Les explications sont tout aussi importantes que les règles. Il faut parler des escroqueries en ligne, des dangers liés au partage d’informations personnelles, et du pouvoir des publicités ciblées. Plus votre enfant comprend pourquoi ces limites existent, plus il sera en mesure de les accepter.
Donner l’exemple et créer des habitudes saines
Les enfants apprennent avant tout en observant. Si vous consultez votre téléphone à table ou sautez sur chaque notification, vos paroles auront peu d’effet. Il vaut mieux montrer l’exemple : créez des zones sans écrans pour toute la famille (par exemple les chambres) ; activez le mode « ne pas déranger » pendant les repas ou les moments partagés ; montrez comment vous restez concentré au travail malgré les sollicitations numériques.
Préservez des moments de connexion sans technologie : organisez des activités sans écrans comme des balades ; des jeux de société ; des ateliers cuisine. Ces moments renforcent les liens familiaux et limitent la dépendance aux écrans.
Autre astuce : regardez ensemble l’historique des recherches ou les réseaux de votre enfant. Présentez cela comme un geste de prévention, non comme un contrôle : « Et si on vérifiait ensemble qu’aucune mauvaise surprise n’est apparue cette semaine ? ».
Enfin, apprenez-lui à se défendre dans le monde numérique : simulez des situations (« Que ferais-tu si un inconnu t’écrivait ? » ; « Comment réagirais-tu si un ami publiait une photo gênante ? »). Ces exercices renforcent sa capacité à réagir avec sang-froid et discernement.
Un outil neutre qui dépend de l’usage qu’on en fait
En fin de compte, la technologie n’est ni bonne ni mauvaise. Tout dépend de la manière dont elle est intégrée au quotidien. Si votre enfant transgresse une règle, privilégiez le dialogue au retrait immédiat du téléphone. En parlant avec lui de ce qui s’est passé, vous l’aidez à grandir et à mieux gérer les défis du monde numérique.
Le plus important reste de maintenir un échange ouvert et bienveillant. C’est la clé pour que votre enfant prenne confiance et apprenne à utiliser les écrans de façon responsable.