Réforme des pensions : comment garantir une vraie justice pour les mères ?

Rédigé par Miora Raveloarison

12 juin 2025

Les mères de famille sont souvent au centre des débats dès qu’on parle de justice sociale. Une nouvelle fois, elles se retrouvent au cœur d’un sujet majeur : celui de la réforme des retraites. Malgré les ajustements récents, les écarts entre les pensions versées aux femmes et aux hommes restent importants. Et ce sont surtout les femmes ayant consacré plusieurs années à élever leurs enfants qui subissent les plus grandes inégalités.

Dans ce contexte, plusieurs idées émergent pour repenser le système actuel. Le but : offrir une meilleure reconnaissance du rôle parental, en particulier celui des mères, dans la construction de notre société. Voici les pistes envisagées pour rendre ce système un peu plus juste.

Un système de majoration qui accentue les écarts

Depuis plusieurs années, une majoration de pension est attribuée aux parents ayant eu ou élevé trois enfants ou plus. Sur le papier, cette mesure vise à compenser les interruptions ou ralentissements de carrière dus à la parentalité. Mais dans les faits, elle ne joue pas son rôle d’équilibrage.

Selon les chiffres de la DREES publiés en 2025, ce sont les pères qui en tirent le plus grand bénéfice. Et pour cause : leurs pensions de base sont souvent plus élevées. Ainsi, la majoration leur rapporte en moyenne 136 € par mois, contre seulement 77 € pour les mères. Un paradoxe qui alimente encore un peu plus l’écart global entre les pensions des hommes et des femmes.

En 2022, cet écart s’élevait à 38 %. Une différence frappante, qui rappelle l’urgence de repenser le dispositif en profondeur.

Des mères désavantagées malgré le dispositif existant

Le fonctionnement actuel de la majoration repose sur un pourcentage de la pension totale. Cela crée un effet pervers : plus la pension est élevée, plus le bonus l’est aussi. Or, les femmes touchent en moyenne des pensions plus faibles que les hommes, en raison de temps partiels, d’interruptions de carrière ou de choix familiaux.

Résultat : les mères qui auraient le plus besoin d’un coup de pouce sont aussi celles qui en profitent le moins. Ce déséquilibre renforce l’injustice structurelle du système actuel. Une réforme ciblée apparaît donc nécessaire pour mieux valoriser la maternité sans creuser davantage les écarts entre les sexes.

Deux premières propositions sur la table

Pour corriger ces inégalités, plusieurs solutions sont actuellement à l’étude. Deux d’entre elles attirent particulièrement l’attention :

• une majoration forfaitaire de 150 € par mois versée à chaque parent ;
• une majoration uniquement pour les mères, avec un barème progressif selon le nombre d’enfants.

La première option permettrait une certaine redistribution. Les femmes verraient leur pension moyenne légèrement augmenter, tandis que celle des hommes baisserait légèrement. Cette mesure aurait pour effet de réduire les écarts tout en maintenant une certaine forme d’universalité.

La seconde proposition, plus ciblée, favoriserait uniquement les mères. Dès le premier enfant, une bonification croissante serait appliquée. Cette solution aurait peu d’impact sur les inégalités sociales générales, mais elle permettrait de réduire les inégalités de genre dans le calcul des pensions.

Une réforme ambitieuse pour les mères

Une troisième piste, plus audacieuse, reprend l’idée de la majoration progressive mais l’applique uniquement aux mères, avec des montants fixes selon le nombre d’enfants :

40 € par mois pour un enfant ;
80 € par mois pour deux enfants ;
160 € par mois pour trois enfants ou plus.

Ce dispositif aurait un réel impact. D’après les projections, plus de 80 % des femmes nées en 1978 en bénéficieraient. À l’âge de 68 ans, leur pension pourrait augmenter en moyenne de 3,9 %. C’est un signal fort pour les générations futures, qui montre qu’il est possible de récompenser l’engagement parental sans léser le reste de la population.

Mais cette mesure a un coût. Elle pourrait entraîner une baisse moyenne de 3 % des pensions masculines. Et dans un contexte économique où les régimes de retraite sont déjà fragilisés, son financement reste un point d’interrogation majeur.

Une reconnaissance attendue depuis longtemps

Si la réforme des pensions reste un chantier complexe, elle offre aujourd’hui une opportunité : celle de mieux valoriser le travail invisible des mères, souvent réalisé au détriment de leur carrière professionnelle. Offrir une compensation juste et claire ne relèverait pas du privilège, mais bien d’une mesure de justice sociale élémentaire.

Face à l’urgence d’un système plus équilibré, ces pistes méritent d’être examinées avec sérieux. Car derrière les chiffres et les barèmes, il y a des parcours de vie, des sacrifices, et des femmes qui attendent qu’on reconnaisse enfin leur contribution à la société.

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Diplômée de l'Université Catholique de Madagascar, Miora met depuis 10 ans sa passion pour l’écriture au service du web. En tant que journaliste expérimentée, elle sait transformer des idées en contenus captivants et pertinents, adaptés aux attentes d’un public varié. Sa formation en sciences sociales lui permet d’aborder des sujets complexes avec une perspective humaniste, tout en créant des articles clairs et engageants.